Après 7 mois de guerre et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le pire est malheureusement à craindre…
Depuis le début, le discours de Vladimir Poutine est assez constant et cohérent, même s’il ne correspond évidemment pas au droit international.
Soyons lucides, l’absence de réactions suffisamment fortes en 2014 lors de l’annexion de la Crimée a encouragé le dirigeant russe à continuer dans sa démarche de reconquête territoriale, alimentée par une nostalgie de la puissance passée de l’Union Soviétique.
Après avoir estimé (à tort) que l’invasion de l’Ukraine, cette « opération spéciale pour détruire un régime nazi aux portes de la Russie », ne serait qu’une formalité militaire et diplomatique, l’enlisement de l’armée russe, suivi de plusieurs replis stratégiques pour se redéployer sur les zones prioritaires, a poussé Vladimir Poutine à organiser ces simulacres de référendums dont l’annonce elle-même par les différents responsables régionaux du Donbass était une communication à la limite du burlesque, si la situation n’était pas aussi dramatique.
Évidemment, les résultats de ces référendums ne font aucun doute, et pour plusieurs raisons :
- la guerre (ou « opération spéciale » selon les points de vue) ayant fait fuir la plupart des Ukrainien.nes souhaitant le rester, il n’y a quasiment plus sur ces territoires que des russophiles souhaitant être rattaché.es à la Russie,
- si cela ne suffisait pas pour assurer un résultat suffisant, le pouvoir russe et ses collaborationnistes locaux ont toutes les compétences requises pour bourrer des urnes afin d’arriver à des plébiscites dignes du Parti Communiste chinois,
- aucun regard par une commission électorale pluraliste n’a été autorisé.
La seule incertitude est donc désormais l’ampleur de la comédie : 90, 95, 98% ?
Cette accélération avec l’organisation de ces référendums n’est pas anodine, loin de là ! Reste à savoir s’il s’agit de sortir de la guerre ou de justifier l’horreur à venir.
Vers une sortie de conflit pour la Russie ?
Les dernières déconvenues militaires indéniables (même si le pouvoir est maître en matière de dénégations de toutes sortes) et les contestations internes qui se multiplient, qu’elles soient publiques et en coulisses, ont en effet poussé le Kremlin à « digérer en urgence » les parties de territoires qui peuvent déjà l’être.
C’est une sorte de « lot de consolation » permettrait au pouvoir en place, autrement dit à Vladimir Poutine, de faire passer l’échec de cette tentative de destruction d’une Ukraine démocratique pour une victoire a minima.
Dès la validation par eux-mêmes de ses référendums pour annexion de ces territoires, la Russie pourrait changer de stratégie pour revenir à des pourparlers de paix afin de consolider ces conquêtes.
Mais quels pays et organisations internationales accepteraient de reprendre des négociations de paix en s’appuyant sur cette situation ?
Aller en ce sens serait une validation de la violation du droit international et l’ouverture d’une boite de Pandore en cautionnant le bienfondé d’actions militaires sanguinaires et inciter les pays aux velléités de conquêtes territoriales à agir de la même manière.
Et sauf à ce que l’Ukraine soit dans l’incapacité d’aller plus loin dans la reconquête de ses territoires perdus, il est peu probable que celle-ci avale une telle couleuvre… au risque de s’exposer à une nouvelle attaque russe d’ici quelques années pour grignoter encore son territoire, ou à un soulèvement ukrainien qui ne demanderait que justice.
Vers une escalade et une extension du conflit ?
Mais l’autre option de Vladimir Poutine est bien plus effrayante…
Car l’annexion du Donbass par la Russie avec des méthodes « pseudo-légales » est soit une consolidation de conquêtes de ces territoires pour en rester là, soit malheureusement un futur prétexte à une escalade.
Le pire est à craindre que Vladimir Poutine, acculé, se dise qu’autant ne pas permettre à ses adversaires d’emporter une victoire, tant pour des enjeux nationaux qu’internationaux.
Difficile d’anticiper l’ampleur de cette fuite en avant, tant le Maître du Kremlin est un expert de l’intimidation par le verbe et par la force, sans oublier qu’il a dans son entourage proche des personnes encore plus extrémistes que lui sur cette question…
Et les teneurs de son dernier discours ne sont pas des plus rassurantes. Cela ressemble déjà à une justification du pire.
La Russie s’estimerait dans son bon droit (même si ces annexions ont peu de chances d’être reconnues à l’international hormis par la Biélorussie et la Corée du Nord) de riposter à une attaque de son territoire par l’Ukraine qui ne ferait pourtant que tenter de reconquérir ce que le droit international lui a reconnu comme sien.
La ficelle est un peu grosse mais, au vu du discours de la Russie depuis le début, rien n’est impossible…
Sans vouloir être oiseau de mauvaise augure, Vladimir Poutine n’est pas un spécialiste du repli.
Dans toutes les guerres et opérations militaires qu’il déjà a pu mener (Tchétchénie, Géorgie, annexion de la Crimée…) au mépris du droit international et de toutes les protestations, il s’est montré d’une cruauté froide et d’un jusqu’au-boutisme glaçant.
Une fois les territoires intégrés à la Russie, il aura sa justification pour ce type de riposte. Espérons évidemment ne pas en arriver là…