Pénurie de carburants, la méthode Coué du Gouvernement interroge

Si la gravité de la situation n’est pas au même niveau dans les territoires, nous sommes bel et bien confrontés à une pénurie de carburant dans certaines régions, et la situation ne semble pas encore sur le point de s’améliorer.

Et il est étonnant de voir que les précédents mouvements de contestation liés aux questions de mobilité, que ce soit le prix des carburants ou l’abaissement de la vitesse à 80 km/h, n’ont manifestement pas servi de leçon au Gouvernement actuel, au vu de sa communication médiatique.

 

 

Une situation explosive

L’ambiance générale en France est déjà très tendue autour des questions de l’énergie et cette nouvelle crise est un risque supplémentaire de voir démarrer un mouvement de plus grande ampleur qu’il serait encore plus difficile de contrôler.

Sur le terrain, un consommateur des Hauts de France qui cherche du carburant voit une pénurie sur son secteur et communiquer à la fin de semaine dernière sur des moyennes nationales basses ne change rien pour lui.

Quant au consommateur qui n’est pas (encore) directement confronté à cette situation, il en est informé à travers les médias et pense que cela va se généraliser.

Cette situation génère une ambiance anxiogène qui touche toute la population.

Et la situation s’est encore fortement aggravée pour les automobilistes ce week-end.

Alors comment aurait-il fallu communiquer ?

 

 

1. Ne pas nier la situation

Le Gouvernement a choisi un registre de communication qui interroge, appliquant la méthode Coué plutôt que de reprendre à son compte cette gravité.

En communication de crise, il est toujours préférable de commencer par accepter les faits pour faire face, plutôt que de jouer sur les mots.

Il est assez étonnant de le voir nier cette situation, refusant de la qualifier de pénurie même cantonnée à certaines zones alors que c’est bien le vécu des automobilistes qui peuvent chercher désespérément à faire leurs pleins.

D’autant que cela a le don d’agacer l’opinion publique…

 

 

2. Faire face

S’il n’est pas directement responsable des grèves dans les raffineries qui perturbent le bon approvisionnement, le Gouvernement le devient par une gestion brouillonne et sa prise de conscience tardive.

Il a (enfin !) décidé vendredi de se substituer aux fournisseurs d’énergie pour amoindrir les conséquences de cette crise, en débloquant des stocks stratégiques qui vont être livrés progressivement, mais que de temps perdu…

Là encore, les signaux envoyés interrogent.

Et elle alimente une situation très éruptive d’ici un retour à la normale.

 

 

3. Afficher un suivi et une empathie

Il n’y a rien de plus irritant que de voir des responsables politiques montrer des signes de déconnexion avec le terrain.

A partir du moment où le Gouvernement a pris la décision de libérer des stocks stratégiques pour pallier cette situation, il aurait dû communiquer plus fortement sur cette décision et en démontrer qu’il en assure le suivi, avec une empathie pour les personnes impactées dans l’une des libertés les plus fondamentales, celle de se déplacer…

Il est vrai que cette crise tombe à un moment où de nombreux ministres sont en déplacement en Algérie mais l’effet d’absence est désastreux.

Peut-être que l’un d’entre eux aurait dû être désigné afin de rentrer d’urgence et de prendre à sa charge la position du Gouvernement plutôt que de laisser ce « vide de communication ».

Au lieu de cela, les médias couvrent le sujet, et le Gouvernement donne une impression médiatique d’absence.

 

Une occasion ratée pour le Gouvernement d’avoir su saisir cette difficulté pour en faire un modèle de gestion de crise.

 

Il est déjà certain que cette situation, même si elle retourne à la normale prochainement, laissera des traces dans une ambiance déjà très focalisée sur les questions de consommations d’énergie, crise en Ukraine aidant.

 

Reste à savoir si cela aura plus de conséquences ou pas…

 

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