Rassemblement National, la normalisation continue

A la surprise générale, le Rassemblement National a annoncé à la dernière minute ou presque voter la motion de censure déposée contre le Gouvernement Borne par la NUPES à l’Assemblée Nationale, ce afin de contester l’adoption du budget 2023 d’un coup de 49-3. Une manœuvre tactique de Marine LE PEN, mais avec quelles conséquences ?

 

 

Une pièce de théâtre peu convaincante

Avec ce ralliement à la NUPES, le RN « enjambe » l’échiquier politique et associe son image de celle de cette alliance déjà hétéroclite, sans pour autant faire converger ses options politiques.

Les autres groupes ne s’y sont pas trompés, même s’ils adoptent des communications très différentes, mise en scène médiocre qui contribue au désintérêt croissant pour la politique.

 

Les dirigeants du Parti Socialiste, de Europe Ecologie Les Verts ont rapidement fait part de leur gêne à cette « association contre nature » qui n’est pas de leur initiative, et qui n’appellera pas de réciprocité pour le vote de la motion de censure initiée par le RN, rappelons-le.

 

Jean-Luc Mélenchon, lui, se félicite que la motion de censure soit à « 50 voix pour éjecter le gouvernement », ignorant ou banalisant cette adjonction de voix qui ne pourrait aboutir à rien d’autre qu’à une crise politique de plus si le Gouvernement était renversé. Mais peut-être est-ce ce sur quoi il espère prospérer ?

 

De leur côté, Les Républicains sont suffisamment occupés avec la perspective de se choisir un nouveau chef pour esquiver le débat et, pour l’heure, refuser de mêler leurs votes à une quelconque motion de censure qui, si l’Assemblée Nationale était dissoute, risquerait de les dissoudre également pour de bon, comme le fut le PS en 2017.

 

Et le Gouvernement et les porte-paroles de Renaissance, pour parachever la pièce de théâtre qui se joue piteusement, ont beau dire que ce vote de motion de censure associant le RN et la NUPES est un rapprochement scandaleux, personne n’y croit vraiment…

 

 

De la dédiabolisation à la normalisation

Ce rapprochement unilatéral, certes de circonstances, a évidemment pour objectif premier de poursuivre la normalisation du RN.

Parce qu’avec 90 députés à l’Assemblée Nationale et avec une dynamique européenne en fond, la dédiabolisation est effective pour le grand public et elle a désormais laissé la place à une démarche de normalisation.

 

Si le fond des idées reste globalement le même, il est clair que la forme évolue pour que ce parti devienne « un parti comme les autres ».

 

Et la décision de voter la motion de censure déposée par la NUPES est un acte en ce sens, même s’il est peu probable que la réciproque se réalise, du moins pour le PS, le PCF et EELV (au vu du dernier tweet de Jean-Luc Mélenchon, la position de LFI semble un peu plus ambiguë).

 

Il y a fort à parier que le RN multiplie les surprises de ce type tout au long de cette mandature afin de brouiller les pistes à son avantage et d’apparaître ainsi « plus normal » par des associations dont il sera le seul à maitriser les opportunités.

 

 

D’un parti ostracisé, le RN continue donc de faire sa mue sur la forme pour espérer devenir « désirable » et majoritaire, avec en creux la volonté d’absorber ce qu’il reste de LR et de s’emparer réellement du pouvoir, perspective qui devient de plus en plus plausible.

 

Cela ne semble qu’une question de temps. Restera à savoir la forme que cela prendra et ce que l’exercice du pouvoir donnera…

 

 

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